Tuesday, July 24, 2007

MANIF – Premières émeutes à Bangkok depuis le coup d’état

Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et six manifestants arrêtés dimanche lorsqu’une énième manifestation anti-junte a dégénéré. Il s’agit des premiers débordements que connaît Bangkok depuis le coup d’état du 19 septembre dernier

Dimanche après-midi, environ 3 000 manifestants anti-junte ont décidé de marcher vers la résidence du Président du Conseil Privé du Roi, Prem Tinasulanond, pour réclamer la démission de celui qu’ils considèrent comme le cerveau du coup d’état. Dans la soirée, le quartier de Thewes voyait éclater les premières émeutes depuis la prise de pouvoir par les militaires en septembre dernier.Partis de Sanam Luang à 14h, les manifestants ont d’abord forcé les barricades anti-émeutes dressées par la police près du pont Makkhawan, avant de se rassembler devant la résidence de Prem. Là, aux slogans hostiles ont rapidement succédé les jets de projectiles de toutes sortes sur la propriété du Général Tinasulanond. Plusieurs affrontements ont alors eu lieu avec la police qui a tenté à différentes reprises de disperser le mouvement. Finalement, vers 23h, les forces de l’ordre ont effectué une charge décisive à coup de matraques, gaz lacrymogènes et canons à eau. Selon le service des urgences de Narenthorn, 106 personnes auraient été blessées, dont 77 policiers, mais ces chiffres ne sont pas confirmés par la police. Vers 23h30, le voisinage, rassemblé au coin des ruelles adjacentes pour constater les dégâts, semblait groggy. Au printemps 2006, les manifestations anti-gouvernementales contre le Premier Ministre de l’époque Thaksin Shinawatra avaient réuni jusqu’à 100.000 personnes sans jamais occasionner de heurts. "Encore une mauvaise image de la Thaïlande pour les étrangers (farangs), commenteront certains à la vue de journalistes occidentaux."

Les manifestants ne comptent pas en rester là

Mais tandis que le rideau de policiers fermait enfin la portion de rue menant chez Prem, un manifestant d’une cinquantaine d’années lançait encore : "Ils [les militaires] ne remettront jamais la démocratie en place. Ils disent qu’ils veulent restaurer la démocratie, mais ils ordonnent aux policiers de frapper ceux qui veulent la défendre." Et un autre de poursuivre : "Ils augmentent leur propre budget sans rien donner aux pauvres et ils écrivent la Constitution pour avoir plus de pouvoir (…). Ils ont fait le coup d’état seulement pour prendre le pouvoir !" Khun Poul, un ancien professeur de français de Bangkok, partage le même avis. Il nous confiera rejoindre le rassemblement anti-junte quasiment tous les soirs sur Sanam Luang. "Les militaires ont beau mettre des barrages sur les routes pour empêcher les gens pauvres des campagnes de venir se faire entendre, affirme-t-il, les rassemblements ne s’arrêteront que lorsqu’ils auront totalement lâché le pouvoir. Le seul qui ne se soit jamais intéressé aux problèmes des pauvres, conclue le militant, c’est Thaksin, les gens le savent bien." A 1h du matin, les manifestants étaient environ 2 000 rassemblés sur Sanam Luang. Hier, les leaders du mouvement anti-junte faisaient savoir qu’ils condamnaient les actions de la police et entendaient ne pas en rester là. “Les manifestations se poursuivront, mais nous allons employer différentes tactiques, affirmait Weng Totulakarn, lors d’une conférence de presse."
Depuis environ un mois, les manifestations anti-junte avaient perdu en intensité. De 15 000 personnes le 15 juin, lors de la retransmission publique d’un message vidéo de l’ancien Premier Ministre en exil, Thaksin Shinawatra, les rassemblements réunissaient ces dernières semaines tout au plus 2 à 3 000 personnes chaque week-end.

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